La musique traditionnelle vietnamienne

La musique traditionnelle vietnamienne

Encore méconnue en Occident la musique vietnamienne est d’une extrême diversité. Chaque région possède des instruments de musique, des chants qui lui sont propres, cela fait partie de la richesse des identités culturelles régionales au Vietnam.

Elle représente également une synthèse fascinante des influences chinoise, indienne, indonésienne, occidentale et bouddhique. Elle est pentatonique (gamme de cinq notes) et marquée par l'improvisation et l'intonation si particulière de la langue vietnamienne.

Cinq sortes de musiques traditionnelles vietnamiennes ont été reconnues par l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l’humanité : le chant alterné (Quan Ho), la musique de cour de Hué, les chants des courtisanes (Ca Tru), les gongs du Tay Nguyen et le chant d’entrée de la maison communale (Hat Xoan). 

Les chants Quan Ho

Dans les provinces du nord du Vietnam, de nombreux villages ont créé entre eux des jumelages, dont les liens sont renforcés par la pratique des chants Quan Họ. Ces chants consistent en couplets interprétés en alternance par deux femmes d’un village qui chantent ensemble et auxquelles deux hommes d’un autre village répondent avec des mélodies similaires mais des paroles différentes. Les quelques 400 textes interprétés avec 213 variations mélodiques différentes expriment divers états émotionnels. Les chants Quan Họ sont souvent exécutés lors de rites ou festivals et la coutume interdit aux artistes de se marier entre eux...

La musique de cour de Huê

Née vraisemblablement sous le règne du seigneur Nguyên à la fin du 17ème siècle, cette musique présente des caractéristiques particulières en ce sens qu’elle sert surtout à l’apparat, où texte et chorégraphie ont autant d’importance que la musique elle-même. Elle est la synthèse des deux traditions chinoise et indienne d’une part et d’autre part de la tradition originelle de Huê qui a ses racines dans le folklore de la paysannerie. Cette musique aristocratique par essence, l’est restée jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale. De nos jours, elle est surtout enseignée dans les conservatoires et les écoles de musique.

Le Ca Trù ou chant des courtisanes

Il s’agit d’une forme complexe de poésie chantée que l’on trouve dans le nord du Vietnam et qui utilise des paroles poétiques. Les groupes de CaTrù sont composés de trois personnes : une chanteuse qui joue aussi des cliquettes et frappe sur une boîte en bois ; et deux instrumentistes qui l’accompagnent au luth et au tambour. Il y a quelquefois aussi de la danse. Les diverses formes de Ca Trù couvrent de nombreux registres disparates, il y a en tout 56 formes musicales ou mélodies différentes.

Les gongs du Tay Nguyen

Le Tay Nguyen est une région centrale du Vietnam où l’on pratique le gong, un instrument de musique en alliage de laiton mélangé avec de l’or, de l’argent ou du bronze. Ces métallophones sont très populaires auprès de nombreux groupes ethniques vivant dans les forêts et les montagnes de ces hauts plateaux du Centre. Ces gongs sont également considérés comme sacrés car ils les aident à communiquer avec leurs divinités. Ils sont utilisés dans les rites liés aux récoltes de riz, aux sacrifices des buffles, aux invocations de la pluie, aux cérémonies de mariage, aux emménagements etc.

Le chant des villageois Hat Xoan

Provenant de la province de Phú Thọ, cet art du spectacle comprend du chant, de la danse, des percussions et des cliquettes. Il est étroitement lié au culte des rois Hùng, une croyance basée sur les ancêtres. L’Institut vietnamien de musicologie a sauvegardé 31 de ces chants. Il existe également 33 clubs dédiés à cet art et des séminaires sont organisés régulièrement pour le pérenniser.

Lors d’un voyage, on peut écouter des musiques traditionnelles et folkloriques lors de certaines étapes, notamment durant les spectacles de marionnettes sur l’eau, et lors de certaines étapes comme à Mai Chau, Buon Ma Thuot ou Hué.
Les émissions musicales dédiées à la musique traditionnelle à la télévision témoignent d’un intérêt toujours important du public vietnamien. Mais cette tradition fait face à la concurrence de la musique pop qui rencontre un succès important auprès des jeunes générations. Elle est largement diffusée dans les cafés, restaurants et autres lieux publics où les hauts parleurs diffusent continuellement les derniers morceaux à la mode, en plus des tubes internationaux anglo-saxons et parfois même de quelques chansons… françaises. 

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