La grande richesse de la littérature vietnamienne

La grande richesse de la littérature vietnamienne

Pays où tous les arts sont représentés avec un certain particularisme, il n’est pas étonnant de découvrir que la littérature vietnamienne recèle aussi de nombreuses richesses, dans le passé comme dans le présent, tant la scène littéraire vietnamienne compte nombre d’écrivains de talent.

S’il y a une très ancienne et importante tradition orale, par la poésie, les contes folkloriques et l’amour avéré des Vietnamiens pour les dictons, les premières œuvres écrites utilisent les idéogrammes chinois.
C’est sur cette base que le système d’écriture vietnamien s’est développé et, peu à peu, beaucoup de poèmes et de romans en vers se sont émancipés des modèles chinois pour aborder des thématiques propres à la culture vietnamienne.

Parmi les grands auteurs de la littérature vietnamienne, il faut citer Nguyen Trai (1380-1442), à la fois homme politique, stratège, poète et écrivain, il fut un des premiers littérateurs à écrire en langue nationale (appelée Nôm), bien qu’il écrivît aussi en chinois classique. On citera son « Recueil de poèmes en langue nationale » et sa célèbre « Proclamation sur la pacification des Ngo » (1428) rédigée après la victoire sur les empereurs chinois Ming.
On citera aussi Le Thanh Tong (1442-1497), empereur à partir de 1460 et fin lettré, il fonda une sorte d’académie appelée « Tao Dan » (« autel de la poésie ») qui comptait 28 membres. On retrouve plus de 300 de leurs œuvres dans le « Recueil des poèmes du règne Hong Duc » en langue nationale Nôm.
Enfin, impossible de ne pas citer aussi « Kim Van Kieu », de Nguyen Du, écrit au début du 19ème siècle, le classique que tous les Vietnamiens ont étudié à l’école. 

Un fort taux d'alphabétisation

Aujourd’hui, la langue s’écrit en « quoc ngu », c’est-à-dire la transcription en caractères latins de la langue parlée. Cela a apporté des influences occidentales dans la littérature, décelable dès les années 30 par exemple avec le collectif « Tu luc van doan » (Par ses propres forces) qui a cherché à renouveler la production littéraire locale en adoptant un style clair et plus direct.

Le taux d’alphabétisation est très élevé au Vietnam (environ 90%), c’est une aubaine pour les livres qui peuvent se diffuser facilement. De fait, la littérature vietnamienne est très vivante. Elle est bien sûr influencée par la guerre qui a marqué une grande partie de l’histoire du pays au 20ème siècle.

Il y a par conséquent une génération d’auteurs qui a combattu et cela est devenu un thème récurrent de leur travail. Ce sont des écrivains très marqués par la violence des combats, l’éloignement avec leur famille, et qui parlent de profondes meurtrissures.
On citera Nguyên Huy Thiêp avec son recueil de nouvelles « Un Général à la retraite » et Bao Ninh avec son roman « Le chagrin de la guerre ». Côté femmes, on peut aussi citer Pham Thi Hoai et Duong Thu Huong. 

Une nouvelle génération qui n’a pas connu la guerre

Une nouvelle génération d’auteurs qui n’a pas connu les conflits a pris la relève aujourd’hui.
La guerre n’est plus une préoccupation majeure dans leur œuvre, et c’est surtout la quête d’identité qui anime leurs personnages, protagonistes d’une génération en perte de repères dans un pays qui s’ouvre sur le vaste monde.

Parmi les écrivains qui représentent le renouveau de la scène littéraire, il faut mentionner Nguyên Viet Hà avec son roman « Une opportunité pour Dieu », ou encore l’étonnant colonel de l’armée Nguyên Binh Phuong qui se révèle aussi bon littérateur (lire son roman « Un autre ciel ») qu’il a d’étoiles sur ses épaulettes.

Enfin, n’oublions pas ceux qui travaillent aussi sur la forme littéraire comme Vu Dinh Giang et Phan Hon Nhien. Ces deux artistes n’utilisent pas l’écrit comme un moyen d’aborder des questions sociales mais ont une approche plus esthétique qu’on pourrait rapprocher des arts plastiques, notamment dans le roman « Cheval d’acier » de Phan Hon Nhien. 

Nos conseils de lecture

Enfin, nous ne résistons pas au plaisir de vous recommander quelques romans sur le Vietnam écrits par des étrangers :
Notamment les deux tomes de « Dix Mille Printemps » d'Yveline Feray, qui retrace la vie de Nguyen Trai, précédemment cité ici et un des grands hommes du Vietnam au 15ème siècle.
Plongez-vous aussi dans « Peste et Choléra » de Patrick Deville, qui raconte l'histoire du Docteur Yersin, disciple de Pasteur, qui s'installa au Vietnam et œuvra beaucoup pour la découverte de nouvelles régions dont notamment Dalat.
À lire peut-être pendant votre séjour au Vietnam, les romans policiers historiques « Les Enquêtes du Mandarin Tan » où chaque énigme se passe dans un endroit différent du pays, au 17ème siècle.
Et pour terminer « Le Brodeur de Hué » de Kien Nguyen, l’histoire d’une jeune femme qui va à la rencontre de son fiancé qui n’a que… 7 ans.
Ou encore ces auteurs étrangers mais de naissance ou d’origine vietnamiennes : Anna Moi et Kim Thuy.

Bonne lecture !

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